Qu’est-ce que la sarcopénie, cette maladie qui touche les personnes âgées ?

La sarcopénie est un état musculaire dont le symptôme principal est la fonte des muscles et la perte de force. Les personnes de plus de 70 ans en sont les principales victimes.

Elle se développe avec le temps mais après 80 ans elle touche toutes les personnes âgées, même celles considérées comme en bonne santé. Cette faiblesse musculaire augmente les risques de chutes, de fractures, de dépendance et de résistance aux maladies.

Avec l’âge la force musculaire diminue
La sarcopénie est un état musculaire dont le symptôme principal est la fonte des muscles et la perte de force.

La sarcopénie a été classée, très récemment, en 2018, comme une maladie. Le mot lui-même n’existe que depuis 1989. Sa définition fait encore l’objet de discussions entre scientifiques. Dominique Dardevet, co-directeur de l’unité de recherche Nutrition Humaine à l’INRAE de Clermont-Ferrand, spécialiste du sujet, définit la maladie comme « la perte de masse musculaire et de force musculaire due au vieillissement ».

Il distingue cette maladie de la cachexie, un syndrome dont le symptôme principal est aussi une fonte musculaire, mais qui s’observe chez les personnes atteintes de maladies (insuffisance rénale, cancer, SIDA…) et les empêche de s’alimenter correctement. A la différence de la cachexie, la sarcopénie est spécifiquement liée à l’âge.

La sarcopénie se traduit par une fonte progressive, puis brusque des muscles
Dès l’âge de 40 ans, les scientifiques constatent une diminution progressive de la masse musculaire. Cette diminution ne s’accompagne pas forcément d’une perte de poids. Dominique Dardevet précise : « Souvent cette masse musculaire dite maigre est remplacée par de la masse grasse, ainsi la perte musculaire passe inaperçue ». En moyenne, cette fonte musculaire s’accélère à partir de 60 ans. Les hommes sont plus touchés que les femmes, mais dès 85 ans la différence de genre s’estompe.

Les accidents de la vie accélèrent le processus : « Une personne plâtrée pendant huit semaines peut perdre 30% de sa masse musculaire ; pour une personne âgée ce type d’accident aura des conséquences importantes, elle ne récupérera pas complètement son muscle, et elle franchira un nouveau palier de déficit musculaire », complète le chercheur de l’INRAE.

Ainsi les médecins se doivent de surveiller, chez leurs patients âgés, l’apparition d’une sarcopénie après une immobilisation, une maladie ou tout autre accident de la vie (décès d’un proche).

Comment diagnostiquer la sarcopénie ? Si la perte de la masse musculaire peut être observée par différentes techniques, les médecins cherchent plutôt à évaluer la force musculaire dont dispose encore un patient : la capacité à serrer la poignée d’un dynamomètre (test GRIP) ou encore à marcher rapidement, à se lever plusieurs fois de suite d’une chaise, à se tenir debout les pieds côte à côte, puis décalés l’un devant l’autre (test SPPB Short Physical Performance Battery).

Une maladie due au vieillissement des fonctions musculaires
Avec le vieillissement, la fonction musculaire perd de son efficacité ; en fait c’est l’ensemble de ce système qui commence à fonctionner au ralenti. Pour commencer, les cellules musculaires doivent garder une quantité optimale de protéines contractiles.

Chaque nuit, pendant le sommeil, en dehors des périodes d’alimentation, des protéines musculaires sont dégradées et doivent être reconstituées dans la journée pour maintenir la masse musculaire. Avec l’âge, la reconstitution du muscle dans la journée est moins efficace et permet d’expliquer la perte de masse musculaire.

De plus, les cellules musculaires sont soumises à un « stress oxydant » plus important au cours du vieillissement : des compartiments de la cellule (comme les mitochondries) produisent des radicaux libres, formes instables de l’atome d’oxygène dues à la présence d’électrons libres.

Ces formes instables occasionnent des dégâts et sont de moins en moins neutralisées au fur et à mesure que la personne vieillit. Elles endommagent l’ADN de la cellule qui peut finir par s’autodétruire : c’est l’apoptose.

Ensuite, le flux sanguin qui apporte au muscle l’oxygène et les nutriments nécessaires à son fonctionnement est lui aussi affecté par le vieillissement. Son débit est moins important car les parois des vaisseaux s’épaississent, deviennent donc plus rigides et moins élastiques.

De plus, au niveau hormonal, des modifications apparaissent aussi avec le temps. Ainsi, par exemple, l’insuline sera moins produite. Or cette hormone favorise la synthèse des protéines, molécules nécessaires aux muscles.

De même, la prise de médicaments, comme de la cortisone, va aussi avoir un effet négatif sur la fabrication des protéines, en inhibant leur synthèse. Autre souci : la contraction des muscles squelettiques se produit grâce à un flux nerveux transmis aux muscles par des plaques composées de cellules appelées motoneurones.

Avec l’âge, le nombre de motoneurones diminue et les plaques se disjoignent du muscle. Ce dernier se contracte moins facilement et l’agilité de la personne baisse.

L’ensemble de ces phénomènes conjugués, et d’autres encore comme les inflammations, conduit le corps à fabriquer moins de muscle et à accélérer leur fonte.

Des facteurs de risque qui accélèrent le processus de fonte musculaire
Les conditions de vie influent fortement sur le risque de sarcopénie, notamment la sédentarité, l’alitement prolongé, la malnutrition, la dénutrition (surtout si l’apport en protéines est pauvre), mais aussi l’abus d’alcool et le tabagisme.

Certaines maladies (comme la dépression, le diabète, les insuffisances cardiaque, hépatique, rénale ou respiratoire) qui influent sur la synthèse des protéines, sont des facteurs de risque. Et pour finir, les médicaments favorisant la dégradation des protéines sont aussi impliqués dans le processus de fonte musculaire.

Une prévention et des soins possibles
Pour prévenir la maladie, il est nécessaire d’une part de maintenir une activité physique et d’autre part d’augmenter sa consommation de protéines. Dominique Dardevet explique : « Il ne s’agit pas forcément de faire du sport, l’activité physique c’est aussi aller à pied faire ses courses, jardiner, faire son ménage ou se promener. Il existe aussi des cours de gymnastique d’entretien avec des exercices adaptés à l’âge. Le principal est que tous les muscles travaillent, que ce soient les jambes ou les bras ».

Sarcopénie et nutrition Crédit : INRAE Université Clermont Auvergne
Par type d’aliment, la portion en grammes nécessaire pour un apport de 20 g de protéines.

Ensuite, il s’agit d’augmenter son apport protéique au cours du repas. Le chercheur précise : « En vieillissant, il est nécessaire de manger chaque jour, 1,1 g de protéines par kilo de masse corporelle, ainsi une personne qui pèse 70 kg doit manger 77 g de protéines chaque jour ».

Il ajoute : « Il ne faut pas confondre protéine et viande. Un steak de 100 g c’est 20 g de protéines ». Il conclut : « Attention à ceux qui sont végétariens, pour qu’un plat de lentilles apporte 20 g de protéines, il faut en manger 238 g ».

En cas de sarcopénie diagnostiquée, souvent observée à cause de la perte de poids, une prise en charge médicalisée sera fondée sur un programme d’activités physiques et des conseils nutritionnels.

sciencesetavenir

You may like