Cameroun : Foé, la promesse non tenue du gouvernement

Le jeudi 26 juin 2003, alors que la demi-finale de la Coupe des Confédérations opposant le Cameroun à la Colombie (1-0) touchait à sa fin, le milieu défensif des Lions Indomptables Marc-Vivien Foé (62 capes, 8 buts) titubait et s’écroulait en plein milieu du rond central, foudroyé par une crise cardiaque, sur la pelouse du stade Gerland de Lyon, en France (72e).

Lors de ses funérailles, le gouvernement camerounais a fait la promesse d’achever le chantier d’un complexe sportif entrepris par le regretté joueur. Mais, vingt ans après, le complexe Marc-Vivien Foé est en ruines…

« Nous n’avons pas encore reçu un centime du gouvernement »
« Je n’ai reçu aucun soutien à part celui de sa famille », a révélé Pierre Assiga, un proche du clan Foé à Piers Edwards, journaliste de la BBC Sport. « Le gouvernement n’a pas tenu ses engagements, parce que sinon, le complexe ne serait pas resté dans cet état », a-t-il pesté. « Nous n’avons pas encore reçu un centime du gouvernement », avait déjà témoigné, trois mois après la mort de Marc-Vivien, son père Martin Amougou Foé.

D’un coût total estimé à 5,5 millions d’euros, le chantier arrivé à 30% de sa réalisation globale, a été déserté, comme on peut le voir dans le reportage de Piers Edwards. Selon les indiscrétions de Camfoot, qui cite un proche du joueur défunt, l’ancien joueur de Manchester City, de Lens ou encore de Lyon misait sur les primes de la Coupe des Confédérations afin de poursuivre son ouvrage destiné à la jeunesse locale.

Épinglé pour détournements de fonds
Interrogés par Camfoot, plusieurs employés du ministère des Sports et de l’Éducation physique soumis à l’omerta ont laissé entendre que l’affaire était (est) « très compliquée ». En effet, selon la même source, Pierre Ismaël Bidoung Mkpatt, le ministre camerounais des Sports et de l’Éducation physique, aurait été inculpé pour détournement des fonds dédiés à l’achèvement du complexe. Par ailleurs, les travaux du chantier confiés à une entreprise belge sont au point mort. « Le gouvernement se refuse à tout commentaire à ce sujet », a abondé Piers Edwards.

Pour la famille éplorée, la douleur est encore vive. « Quand je contemple cet imposant complexe qu’il a commencé, je me rappelle de ce rêve qu’il nourrissait pour la jeunesse de son pays. C’est pour eux qu’il construisait ça. Il songeait à la formation de la jeunesse qui fera la relève demain. Lui au moins l’a fait mais aujourd’hui, il est en ruines. Il arrivait parfois qu’on n’ait pas l’argent mais on mettait le cœur », s’est désolé papa Foé dans des propos rapportés par Camfoot.

Indignation de la Toile
À ce jour, seule la Fifa a tenu sa promesse de prendre en charge les enfants du défunt jusqu’à la majorité. L’État camerounais s’est lui limité à nommer une des rues de l’arrondissement de Yaoundé 5, « Rue Foé », et à ériger un stade « Marc-Vivien Foé » à Akonolinga, une petite ville située à une centaine de kilomètres au sud de Yaoundé.

« Il est honteux que le gouvernement camerounais n’ait pas honoré cette promesse pendant vingt ans. Foé a sacrifié sa vie pour servir son pays. Lui et sa famille méritent que son sacrifice ne soit pas vain », a également regretté Osasu Obayiuwana, lui aussi journaliste de la BBC.

Pour l’heure, les hommages se sont multipliés à travers le microcosme du football pour l’iconique numéro 17 de l’équipe du Cameroun et du RC Lens, et le dossard 23 de Manchester City.

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