La calvitie serait un problème de rigidité cellulaire mais des chercheurs ont déjà trouvé une solution

En vieillissant, les cellules souches des cheveux se rigidifient, ce qui les empêche de produire de nouveaux cheveux. Mais une technique pourrait régler ce problème.

Pour beaucoup d’hommes (et quelques femmes), gagner en âge équivaut à perdre en chevelure. La cause la plus fréquente de calvitie est l’alopécie androgénétique, qui touche trois quarts des hommes et un quart des femmes de plus de 70 ans. Des chercheurs de l’Université Northwestern aux États-Unis ont découvert qu’une des causes de la perte de cheveux est que les cellules souches qui les produisent deviennent rigides avec l’âge, ce qui les empêche de renouveler le cycle cellulaire et de produire de nouveaux cheveux.

Mais les scientifiques ont aussi trouvé une solution (du moins chez la souris) : un microARN (petite molécule d’ARN qui contrôle l’expression des gènes) qui inhibe la production des protéines qui causent cette rigidité cellulaire. Permettant ainsi à ces cellules souches de produire de nouveaux cheveux, même chez des souris âgées. Leur découverte a été publiée le 22 mai 2023 dans le journal scientifique de l’Académie américaine des sciences PNAS.

La rigidité des cellules souches bloque le cycle cellulaire
Le cycle de vie des cheveux est composé de trois phases : anagène, lorsque le cheveu pousse ; catagène, ou phase de repos ; et télogène, quand le cheveu ne pousse plus et finit par tomber pour laisser la place à un nouveau follicule pileux qui produira un nouveau cheveu. Les chercheurs ont observé que les cellules souches qui permettent la croissance des cheveux changent de taille en fonction du stade du cycle.

Lorsque le follicule entre dans le dernier stade (télogène), ces cellules se contractent et peuvent perdre jusqu’à la moitié de leur volume initial. Cette contraction est accompagnée d’une rigidité de la région où ces cellules résident (le bulge pileux). Et plus les souris étaient âgées, plus cette région devenait rigide à la phase télogène.

Cette rigidité était causée par un renforcement du cytosquelette (sorte de charpente interne) des cellules souches. Les chercheurs ont mis en évidence que ces cellules contenaient davantage de fibres d’actine, l’un des constituants de ce squelette cellulaire. Et le passage à un nouveau cycle cellulaire, donc à une nouvelle phase anagène, était accompagné d’une perte de ces fibres, diminuant la contraction des cellules et leur rigidité.

Un microARN redonne de la souplesse à ces cellules souches
Puisque ces fibres d’actine étaient responsables de la raideur des cellules souches, les chercheurs ont tenté de diminuer la production de ces fibres en stoppant l’expression des gènes nécessaires pour les fabriquer. Ainsi, ils ont mis en lumière le microARN miR-205, qui cible une grande partie des gènes impliqués dans le renforcement du cytosquelette.

Ils ont observé que l’expression naturelle de miR-205 augmente d’environ 50 % lorsque les cellules passent de la phase télogène à la phase anagène, ce qui suggère que cet ARN serait impliqué dans ce passage vers un nouveau cycle. Cela suggère aussi que l’expression de cette molécule régulatrice diminue avec l’âge, ce qui pourrait expliquer que les cellules souches des souris âgées ont plus de mal à passer de la phase télogène à la phase anagène.

Des hypothèses qui ont été confirmées en forçant l’expression de miR-205, ce qui entraînait une baisse de l’expression des gènes produisant l’actine pour le cytosquelette et une diminution de la rigidité de ces cellules. Cela avait comme conséquence un raccourcissement très significatif de la durée de la phase télogène (qui passait d’environ 30 jours à seulement 5). Une accélération du cycle qui causait une repousse rapide des poils des souris.

“Elles commençaient à produire de nouveaux cheveux après 10 jours de traitement. Nous ne créons pas de nouvelles cellules souches. Nous stimulons celles qui sont déjà là pour qu’elles commencent à produire du cheveu, précise dans un communiqué Rui Yi, professeur de dermatologie à l’Université Northwestern et auteur de l’étude. Souvent nous avons encore de ces cellules souches, mais elles n’arrivent plus à faire des cheveux.”

Ce microARN est particulièrement efficace à un âge avancé
Cet effet était encore plus impressionnant chez les souris âgées. Après leur première année, la phase de télogène des follicules pileux des souris est d’environ une centaine de jours. Doubler le niveau d’expression de miR-205 raccourcissait la durée de cette phase à seulement 14 jours, produisant une forte repousse des poils de l’animal. Et la rigidité du bulge pileux de ces souris âgées (22 mois d’âge, donc presque la fin de leur vie) redevenait similaire à celle de jeunes souris.

“Puisqu’il existe la possibilité d’injecter ces microARN directement dans la peau, la prochaine étape sera de tester si un traitement localisé peut stimuler la production de cheveux”, ajoute-t-il. Traitement que son équipe testera d’abord chez les souris, avant de passer aux essais chez l’humain.

SA

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