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À tout juste un an des Jeux olympiques de Paris 2024, les hôteliers parisiens peaufinent leur plan d’accueil des millions de touristes attendus par l’événement. Une clientèle différente qu’il va falloir séduire.

Les Jeux olympiques de Paris, à l’été 2024, commenceront dans un an. Mais seront-ils une aubaine pour le secteur hôtelier de Paris et d’Île-de-France? Les professionnels s’interrogent, certains soulignant les risques d’un « mauvais buzz » en cas de ratés… Mais il est déjà certain qu’ils feront durablement monter les prix.

« Avec le pic de fréquentation attendu, il est évident que le parc hôtelier parisien, pourtant bien plus important que celui de Rio ou d’Athènes, sera en saturation », prédit auprès de l’AFP Vanguélis Panayotis, président du cabinet spécialisé MKG Consulting.

« Aux JO de Rio en 2016, Airbnb avait permis d’augmenter la capacité d’hébergement. Et à ceux d’Athènes en 2004, on avait mis de gros paquebots dans le port pour couvrir ponctuellement les besoins en hébergement », relève-t-il.

Vincent Bollaert, directeur France de la société spécialisée dans l’immobilier Knight Frank, souligne qu’en termes de « densité hôtelière, Paris et sa région sont supérieurs à New York et très bien positionnés par rapport à Londres ».

« Nous avons une très grosse fréquentation touristique: 45 millions de touristes hébergés par an, et on en prévoit 15 à 20 millions supplémentaires pour les JO », rappelle-t-il.

Le parc hôtelier de l’Île-de-France compte quelque 2100 établissements et 124.000 chambres et « a attiré 1,3 milliard d’euros d’investissements, soit une hausse de +35% comparé à 2019, avant la crise sanitaire », note Vincent Bollaert. « Dans la perspective des JO, environ 150 nouveaux établissements, soit 5000 chambres supplémentaires, devaient être construits et pas mal de choses ont déjà été livrées », rapporte l’expert.

Une clientèle différente

Alors l’événement sera-t-il à court terme bénéfique pour le secteur? Les professionnels s’interrogent. Car « une partie de la clientèle habituelle de la capitale ne devrait pas venir: ça ne l’intéresse pas d’être dans la cohue des Jeux olympiques », souligne Vanguélis Panayotis.

« À Londres en 2012, il n’y avait pas eu de boom de fréquentation, en revanche ceux qui venaient pour les JO étaient prêts à payer beaucoup plus cher: les prix avaient grimpé de 100% et davantage, et ils sont restés plus élevés les années suivantes. »

Cette absence de la clientèle touristique classique, en particulier « haut de gamme », pourrait réduire les bénéfices de l’événement pour le secteur touristique.

« Cela peut même être extrêmement négatif si ce qui ressort des Jeux est une communication négative sur la destination », en cas de défaillances dans l’organisation, de grèves ou de manifestations, explique Didier Arino, directeur général du cabinet de conseil Protourisme. « Mais cela peut aussi être une belle image » si tout se passe bien.

A plus long terme, cette « fenêtre de promotion exceptionnelle » que seront les JO pour Paris devrait permettre d’attirer davantage de touristes à partir de l’année suivante, estiment les professionnels.

Mais l’apport positif selon Didier Arino, viendra plutôt « de la transformation, des aménagements urbains, la création d’infrastructures qui serviront ensuite, que de la seule fonction touristique des JO ».

Des prix revus à la hausse à cause de l’inflation?

Pour l’heure, les hôteliers espèrent bien en tirer profit. Certains s’y sont pris très tôt pour louer leurs chambres à des agences et des partenaires plutôt qu’à des particuliers: c’est le cas d’Edgar Suites, qui compte quelque 500 apart’hôtels « boutique » (au décor soigné), principalement à Paris.

Dès mai 2023, Edgar Suites avait loué 60% de son parc pour la période des JO, explique à l’AFP son cofondateur Grégoire Benoit:

« 12 à 18 mois avant, c’est la période la plus intéressante: les fédérations, le comité olympique, les sponsors, les familles des athlètes, etc, cherchent des hébergements ».

Les prix pour les JO « ont été négociés avant le Covid. Sauf qu’on n’est pas du tout dans le même contexte, avec une inflation élevée: il faudrait les rediscuter pour éviter que les hôteliers refusent d’appliquer les tarifs négociés et attendent la dernière minute pour vendre leurs chambres beaucoup plus cher », alerte Vanguélis Panayotis.

Et sur les plateformes de location entre particuliers comme Airbnb, un des principaux sponsors de la compétition, certains loueurs seront tentés de procéder à de très fortes hausses de prix.

Déjà accusé d’alimenter la flambée des prix immobiliers et d’assécher le parc locatif de longue durée, Airbnb a tenté de minimiser cette polémique naissante en commandant une étude au cabinet Deloitte: publiée en avril, celle-ci tablait sur une augmentation « réaliste des prix » de 85%, comparable à celle des prix hôteliers pendant les JO de Londres.

AFP

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