« Prise au piège », une habitante raconte une journée sous les bombes dans le Haut-Karabakh

L’Azerbaïdjan a lancé mardi une opération militaire dans la région séparatiste du Haut-Karabakh, une enclave peuplée d’Arméniens et sous blocus depuis décembre 2022. Jointe par la rédaction des Observateurs, une habitante de Stepanakert, capitale du Haut-Karabakh, témoigne.

L’Azerbaïdjan a annoncé mardi 19 septembre avoir lancé une opération “antiterroriste » visant les forces arméniennes au Haut-Karabakh, région que se disputent Arméniens et Azerbaïdjanais. La diplomatie azerbaïdjanaise a aussi annoncé que « le seul moyen de parvenir à la paix et à la stabilité » était « le retrait inconditionnel et total des forces armées arméniennes » du territoire. 

Les autorités séparatistes arméniennes ont de leur côté annoncé mardi après-midi qu’au moins deux civils ont été tués et 23 autres blessés, et ce malgré le fait que les autorités azéries ont annoncé viser uniquement des “cibles militaires légitimes”.  

Sur d’autres images, on voit de la fumée s’élevant dans les alentours de Stepanakert, sur fond de détonations. Comme sur les images ci-dessous, filmées par Marut Vanyan, un journaliste indépendant. 

À Stepanakert, des habitants se sont réfugiés dans des sous-sols par crainte des bombardements. Comme Nonna Poghosyan, une employée de l’Université américaine d’Arménie, que nous avons pu joindre via le service de messagerie WhatsApp :  

Il n’y a pas d’issue possible, nous avons peur. Cela a commencé à 13 heures, les enfants étaient à l’école, mes enfants aussi. Les gens étaient au travail ou à l’école. 

Le 27 septembre 2020, des combats avaient éclaté dans le Haut-Karabakh entre les forces arméniennes et azerbaïdjanaises. Un cessez-le-feu a finalement été obtenu après l’intervention de la Russie, six semaines plus tard. Nonna Poghosyan poursuit : 

Les personnes qui disposent d’abris antiaériens se sont réfugiées. Mais il est impossible d’abriter tous les habitants. Je ne sais pas combien d’entre eux sont des femmes et des enfants, ou des personnes âgées. 

Là où nous nous trouvons, ce n’est pas vraiment un bunker. C’est juste un demi-sous-sol. Nous sommes tous là, effrayés. Les enfants pleurent. 

Nous sommes encerclés par les Azéris. En 2020, nous avons pu être évacués. Il y avait un corridor par lequel on pouvait sortir. Mais maintenant, c’est impossible. Nous sommes pris au piège.

Les tensions entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan autour du Haut-Karabakh durent depuis la chute de l’Union soviétique et ont débouché sur deux guerres – de 1991 à 1994, puis fin 2020. 

Lors de la dernière guerre, l’Azerbaïdjan est parvenu à obtenir le contrôle de la majorité de la région. Cependant, selon le cessez-le-feu établi avec l’aide de la Russie, la libre circulation au niveau du corridor de Latchine était garantie. 

Mais l’Azerbaïdjan a finalement annoncé, le 11 juillet, la suspension de la circulation et imposé un blocus total sur l’enclave le 26 juillet.

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