Critique John Wick : Le Continental : hôtel fermé pour démolition

Quatre films et un million de morts plus tard, la saga John Wick accouche de son premier spin-off sous forme d’une mini-série disponible sur Prime Vidéo par chez nous : Le Continental. Attention aux punaises de lit.

Oui, on sait, on a tendance à parler assez souvent de John Wick dès lors qu’on s’attaque à la chronique d’une œuvre qui fait de la collecte de sang son principal atout marketing, mais il faut dire que depuis que le premier film de la saga est sorti en 2014, Hollywood a beaucoup, beaucoup tenté de surfer sur la vague. Sauf qu’ici, on a une excuse encore plus facile : Le Continental est la première mini-série dérivée directement de l’univers de ce cher Wick.

Et si on pouvait croire que le film spin-off, Ballerina, prévu pour l’année prochaine allait nous convaincre que la franchise pouvait survivre à l’absence de Keanu Reeves, Le Continental prouve tout le contraire.

L’action se déroule dans les années 70 alors que Winston Scott, futur patron du célèbre hôtel de New York où séjournent une flopée d’assassins, revient en ville pour affronter un passé qu’il croyait derrière lui. Le destin va le mettre face à Cormac, actuel directeur d’un établissement qui n’a pas fini de nous révéler ses secrets.

Trois épisodes d’environ 90 minutes chacun plus tard, on comprend aisément pourquoi le titre de cette mini-série insiste pour utiliser le nom du personnage campé par Keanu Reeves. C’était la seule manière de l’identifier comme un dérivé de John Wick.

Punaise de vie

Il suffit de quelques minutes pour que Le Continental cherche à appâter le fan de la franchise en lui offrant ce qu’il est venu chercher via un prologue dans la lignée de ce qu’on connaît : tiens, voilà du bourrin. Dix minutes où on flingue une armée de figurants, histoire d’annoncer la couleur, ce n’est pas parce que Keanu Reeves n’est pas là que l’hôtel dort sur ses deux oreilles.

Une promesse intéressante qui ne survivra pas à ces dix minutes. Dès lors que Winston rentre en scène, on part pour un long, très long couloir où chaque balle coûte cher et où on prend toutes les bifurcations possibles pour éviter la ligne droite d’une intrigue simpliste qui n’en demande pas tant. Certes, l’histoire de la saga n’a jamais été son intérêt principal, mais il convient d’insister : Le Continental est aussi verbeux inutilement qu’il est avare en action !

L’efficacité brutale et le goût pour l’essentiel de John Wick ont complètement disparu de ce premier dérivée. Si le quatrième opus pouvait provoquer presque une lassitude face à une action omniprésente, cette mini-série a décidé de proposer l’exact opposé. C’est tellement mou qu’on en vient à se jeter sur chaque moment où les choses se réveillent un peu avec la même voracité qu’un fan de Taylor Swift lors de l’ouverture de la billetterie pour ses concerts.

Et lorsque vient enfin le dernier épisode, là où les affaires sérieuses s’enclenchent, on ne peut qu’espérer que ces 90 minutes finissent en apothéose, récompensant notre patience. Sauf que les showrunners du show ont décidé de tuer la moindre parcelle d’espoir qu’il y avait encore en nous livrant une action digne de John Wick ; du moins si John Wick était un grand-père en déambulateur.

Parce que, non contente de jouer la carte de la retenue (puisque dans l’esprit des créateurs, c’est ce que le fan attendait évidemment), la série ne brille pas non plus par sa mise en scène. Chad Stahelski et David Leitch ont beau être crédités en tant que producteurs exécutifs, le travail d’Albert Hughes et Charlotte Brandstrom derrière la caméra ne cherche pas à rendre les pères de la franchise fiers.

Les chorégraphies sont plates et la mini-série se passe majoritairement de nuit ou dans des couloirs mal éclairés afin qu’on ne voit pas trop la supercherie. Visuellement, Le Continental ressemble autant à un John Wick que Denver, le dernier dinosaure ressemble à Jurassic Park.


Plus c’est long, plus c’est chiant

Vous nous direz, l’objectif de la mini-série était sûrement de ne pas tant copier son modèle que d’apporter sa pierre à l’édifice d’un univers d’assassins dans lequel il reste beaucoup à explorer. Dommage, à ce jeu-là aussi, le show reste à côté de ses pompes.

Alors que quatre films ont installé des éléments dont on pouvait entendre l’intérêt scénaristique d’aller étoffer le sujet tels que les adjudicateurs, le monde sous-terrain ou la Grande Table, Le Continental décide de s’intéresser au passé de Winston et, par ricochet, de Charon. Argument de vente facile puisqu’on connaît déjà les personnages, mais un argument très faible tant nos deux hommes n’ont rien de particulièrement captivants à raconter si ce n’est une banale histoire de vengeance. Un thème que l’on ne connaît que trop bien dans la saga.

Si on enlève toute l’action de John Wick, peut-on imaginer que la franchise aurait eu un tel succès uniquement avec sa narration ? Voilà ce qu’est le Continental. Une mini-série amorphe peuplée de sous-intrigues et de personnages dont on se fiche de la première à la dernière minute, portée par un casting qui ne convainc pas.

Et si la présence de Mel Gibson pouvait servir à apporter un peu de cachet à l’oeuvre, ce qu’elle fait de l’acteur peut être considéré comme un flagrant délit d’emploi fictif. John Wick pouvait fatiguer à la longue par son action non-stop, Le Continental réussit à endormir avant même le premier chargeur vidé.

JDG

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