La France, deuxième exportateur mondial d’armes : inquiétudes et critiques de LFI

La position de la France comme deuxième exportateur mondial d’armes soulève des questions éthiques et stratégiques, selon le député Arnaud Le Gall, interrogé par Anadolu.

La France est récemment devenue le deuxième pays exportateur d’armes au monde, derrière les États-Unis, selon l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI). L’Hexagone a ainsi dépassé la Russie au classement des plus gros vendeurs d’armes au monde.

Lors du point presse du groupe La France Insoumise (LFI) à l’Assemblée nationale ce mardi, Arnaud Le Gall, député LFI du Val-d’Oise, a exprimé ses préoccupations concernant le statut de la France comme deuxième exportateur mondial d’armes. Interrogé par Anadolu sur les implications de cette position dans le contexte de conflits internationaux, notamment en Ukraine et au Proche-Orient, Le Gall a critiqué la stratégie militaire française.

– Militarisation excessive et contradictions

« La militarisation excessive de notre politique extérieure est flagrante », a déclaré Le Gall. « Le fait que la France soit devenue le deuxième exportateur d’armes mondial s’explique par une spécialisation dans les armements de haute technologie, délaissant la production d’armes plus basiques », le député soulignant une contradiction dans la politique de défense du pays.

Une réalité confirmée par les statistiques du SIPRI, qui précise que « la forte augmentation des livraisons d’avions de combat Rafale explique l’essentiel de la croissance des exportations d’armes françaises sur la période 2019-2023.

Selon l’institut suédois, la France avait exporté 23 Rafale en 2014-2018.

Ce chiffre est passé à 94 entre 2019 et 2023, ce qui représente un peu moins d’un tiers (31 %) des exportations françaises d’armes au cours de la période. Fin 2023, 193 Rafale supplémentaires étaient en commande pour l’exportation.

Le député Arnaud Le Gall a également mis en lumière une dépendance paradoxale de la France en matière d’approvisionnement en munitions. « Nous exportons des technologies avancées, mais nous sommes contraints d’importer des matières premières, comme de la poudre d’Australie, pour fabriquer des munitions simples telles que des obus », a-t-il expliqué.

Cette situation met en évidence les limites de l’approche actuelle et les défis auxquels la France est confrontée en matière de production d’armements, selon le député LFI.

– Dépendance française

Une critique confirmée par un rapport publié en février 2023, dans le contexte de la guerre en Ukraine. En effet, la commission de la défense nationale et des forces armées de l’Assemblée nationale française avait révélé une pénurie critique de munitions au sein de l’armée française.

Les députés Vincent Bru (MoDem) et Julien Rancoule (RN), auteurs du document, avaient souligné une « dégradation globale » des stocks depuis la fin de la guerre froide, alertant sur l’incapacité actuelle de la France à soutenir un engagement militaire de haute intensité.

« La situation des stocks français de munitions, faible depuis la fin de la guerre froide, est devenue intenable, au vu du contexte stratégique actuel et des ambitions militaires de la France », indique le rapport.

La France, dans la post-guerre froide, a adapté ses arsenaux pour des opérations expéditionnaires, réduisant ainsi les munitions comme une « variable d’ajustement budgétaire », déplorent les parlementaires. Depuis 2011, une diminution significative des infrastructures de stockage a été observée avec la fermeture de six des vingt dépôts de munitions sur le territoire.

Bien que les détails exacts des stocks soient classifiés, il est estimé qu’ils ne suffiraient pas pour un conflit prolongé. « Nos adversaires pourraient potentiellement nous mettre à rude épreuve », avait déjà averti la direction du renseignement militaire, dans un précédent rapport.

La position de la France sur le marché mondial des armes soulève également des questions importantes sur l’éthique et la stratégie, alors que des pays comme Israël figurent sur la liste des destinataires de ses armes, malgré les appels à un moratoire sur celles-ci.

Pour rappel, l’armée israélienne mène, depuis octobre dernier, des bombardements incessants et indiscriminés sur la bande de Gaza, tuant plus de 30 000 personnes et en blessant plus de 70 000 autres, des enfants et des femmes pour la majorité d’entre elles.

AA

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