La production mondiale de chocolat est menacée par un virus

Le précieux cacao, ingrédient essentiel du chocolat, est confronté à une menace grandissante, le Cocoa Swollen Shoot Virus. Une équipe de chercheurs a tenté de comprendre le modèle de transmission de la maladie et comment la limiter.

L’avenir du chocolat pourrait être menacé. 

Le coupable : un virus qui met en péril les cacaoyers africains depuis des dizaines d’années. Le Cocoa Swollen Shoot Virus, ou virus de l’œdème des pousses du cacaoyer, sévit depuis sa première identification en 1936 au Ghana. La maladie se transmet très rapidement, propagée par des cochenilles. Lorsqu’ils se trouvent sur des plants de cacao infectés, les petits parasites attrapent le virus. En sautant ensuite vers les plants voisins sains, ils leur transmettent le virus.

Les signes de l’infection sont facilement reconnaissables : les feuilles deviennent nervurées de rouge, se déforment et les tiges gonflent, donnant au virus son nom de « Swollen Shoot ». La conséquence ultime de l’infection est le pourrissement des fèves de cacao sur le plant infecté.

Une jeune feuille de cacaoyer infectée par le virus

Peu de solutions contre le virus
Malheureusement, aucun remède réellement efficace contre ce virus n’existe à ce jour. Dans le passé, plusieurs mesures ont été proposées pour freiner la propagation du virus, telles que l’abattage des arbres infectés ou la sélection d’arbres résistants. Malgré ces tentatives, l’arrachage des arbres est la technique la plus utilisée actuellement.

Cette technique entraîne depuis longtemps des pertes importantes de cacao.

Entre 1946 et 1948, plus de 254 millions de cacaoyers ont dû être abattus au Ghana. Plus de 70 ans plus tard, la maladie continue d’engendrer des pertes de récolte considérables, jusqu’à 50% de rendement en moins par an dans les cas les plus extrêmes.

En raison de cette situation, en 2018, la Côte d’Ivoire et le Ghana avaient obtenu un financement de 600 millions de dollars de la Banque Africaine de Développement. Les fonds ont permis de dédommager les paysans dont les cacaoyers ont été arrachés afin d’en replanter de nouveaux.

Des modèles mathématiques pour mieux comprendre sa propagation
Afin de tenter de limiter la propagation du virus dans les plantations en Afrique, une équipe de chercheurs s’est penchée sur le modèle de transmission de la maladie.

Les résultats de l’étude, publiés début mars 2024 dans la revue Plos One, montre que l’utilisation de couches protectrices peut être efficace pour réduire la propagation de la maladie.

Cette stratégie implique l’infection délibérée d’une « couche » de cacaoyers avec une souche moins nocive du virus.

L’objectif est de fournir une protection, partielle ou totale, aux arbres non infectés contre les souches plus agressives du Swollen shoot. Techniquement, cela peut déclencher une réponse immunitaire chez ces arbres, les rendant ainsi plus résistants ou moins susceptibles d’être infectés par la souche plus virulente.

Grâce à cette approche, un modèle pourrait être établi pour les producteurs de cacao, les aidant à déterminer la distance à laquelle planter des arbres vaccinés par rapport aux arbres non vaccinés pour empêcher la propagation du virus. Pour le moment, les modèles sont expérimentaux et restent encore à perfectionner. Les modèles ne prennent par exemple pas en compte la largeur minimale de la couche de protection.

Le prix du cacao a grimpé de 140% depuis début 2024
Si le virus de l’œdème des pousses du cacaoyer affecte principalement les régions d’Afrique, la production de chocolat à l’échelle mondiale est également menacée par plus d’une dizaine de maladies différentes. Entre fortes pluies, maladies puis sécheresses, l’année 2023 a été particulièrement difficile pour la production de chocolat au Ghana et en Côte d’Ivoire.

La production de cacao de la Côte d’Ivoire pour 2022-2023 s’élevait à 2,3 millions de tonnes.

Pour 2023-2024, elle n’est attendue qu’autour de 1,75 million de tonnes. Conséquence : le prix du cacao a explosé, grimpant de 140% entre début 2024 et aujourd’hui. Un prix qui ne risque pas de diminuer si les virus et les phénomènes météorologiques continuent à ravager les cultures.

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