L’Éthiopie amnistie des responsables de l’opposition et de la rébellion

Le gouvernement éthiopien espère, avec cette annonce, «ouvrir la voie à une solution durable aux problèmes de l’Éthiopie, de façon pacifique et non violente».

Le gouvernement éthiopien a annoncé vendredi l’amnistie et la libération de plusieurs personnalités politiques incarcérées, dont des dirigeants de l’opposition et du TPLF, parti de la région septentrionale du Tigré devenu groupe rebelle.
 
Cette annonce surprise intervient après un appel à «la réconciliation nationale», lancé plus tôt vendredi à l’occasion de la célébration du Noël orthodoxe par le premier ministre Abiy Ahmed, dont le pays est déchiré depuis 14 mois par un conflit entre le gouvernement fédéral et les rebelles du Front de libération du Peuple du Tigré (TPLF).

L’objectif de l’amnistie «est d’ouvrir la voie à une solution durable aux problèmes de l’Éthiopie, de façon pacifique et non violente», selon le communiqué du gouvernement. «La clé d’une unité durable est le dialogue. L’Éthiopie fera tous les sacrifices à cette fin», selon le texte où sont énumérés les noms de plusieurs dirigeants de l’opposition, mais aussi de membres importants du TPLF.
 
Incertitude
 
Le TPLF, parti qui a dirigé de fait l’Éthiopie durant près de 30 ans, a pris les armes depuis que le premier ministre Abiy Ahmed a envoyé en novembre 2020 l’armée fédérale au Tigré pour en destituer les autorités régionales – issues du TPLF – qui contestaient son autorité et qu’il accusait d’avoir attaqué des bases militaires.
 
Il n’est pas clair dans l’immédiat combien des détenus concernés ont déjà été libérées. Néanmoins, le parti d’opposition Balderas a annoncé la libération de son fondateur Eskinder Nega, une figure de l’opposition, dont le nom figure dans la liste des personnes amnistiées.

Le parti a posté sur Facebook une photo d’Eskinder Nega et de l’un de ses codétenus, poings levés, devant la prison de haute sécurité de Kality, à Addis Abeba, où ils étaient incarcérés.
 
Poings levés
 
Dans la liste des personnalités amnistiées figure aussi l’ancien magnat des médias Jawar Mohammed, membre du Congrès fédéraliste oromo. Ancien allié d’Abiy Ahmed – lui-même oromo, l’ethnie la plus nombreuse du pays – Jawar Mohammed était devenu un de ses plus farouches détracteurs.
 
Comme Eskinder Nega, Jawar Mohammed avait été arrêté en juillet 2020 avec d’autres figures de l’opposition, après une flambée de violences déclenchée par le meurtre par balles à Addis Abeba le mois précédent d’un très populaire chanteur, Hachalu Hundessa, porte-drapeau de l’ethnie oromo.

Ces manifestations et violences avaient fait 239 morts en quelques jours, sur fond de tensions et de ressentiments ethniques. Parmi les responsables du TPLF cités dans le communiqué du gouvernement figurent Sibhat Nega – un des fondateurs du parti – Kidusan Nega, Abay Woldu, Abadi Zemu (ancien ambassadeur au Soudan) et Mulu Gebregziabher.
 
Le conflit au Tigré, peuplé de six millions d’habitants, a fait des milliers de morts et la région, soumise à ce que les Nations Unies qualifient de «blocus de facto» de l’aide humanitaire, manque de nourriture et de médicaments. Sur Twitter, le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a salué cette amnistie. «Je reste activement engagé à aider l’Éthiopie à mettre fin aux combats et à rétablir la paix et la stabilité, a-t-il ajouté.

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