La vague de chaleur en Europe est « un avant-goût de l’avenir », selon l’OMM

Alors qu’une canicule « inhabituellement précoce » frappe actuellement l’Europe et l’Afrique du Nord, il faut s’attendre à des vagues de chaleur qui seront à l’avenir plus fréquentes, précoces et intenses que celles qui ont frappé l’Europe cette semaine, a alerté vendredi l’Organisation météorologique mondiale (OMM).

« Ce que nous vivons aujourd’hui est malheureusement un avant-goût de l’avenir », a déclaré lors d’un point de presse de l’ONU à Genève Clare Nullis, porte-parole de l’Organisation météorologique mondiale (OMM), en faisant référence au changement climatique. « Ce dont nous sommes témoins aujourd’hui est un avant-goût de l’avenir », a-t-elle insisté.

Après un mois de mai aux températures record, certains pays européens comme la France, l’Italie et l’Espagne subissent une canicule d’une précocité inédite, avec des pics de chaleur prévus pour les prochaines heures au-delà de 40 degrés, comme en Espagne.

« Bien que nous ne soyons qu’à la mi-juin, les températures sont plus typiques de celles observées en juillet ou en août », a détaillé la porte-parole de l’OMM.

France, Espagne, Italie… sécheresse et canicule dans le sud de l’Europe

Dans certaines régions d’Espagne et de France, les températures sont supérieures de plus de 10°C à la moyenne pour cette période de l’année. À cela s’ajoute la sécheresse qui sévit dans de nombreuses régions d’Europe. En dehors de l’Europe, des alertes à la chaleur ont été aussi lancées aux États-Unis en milieu de semaine pour près d’un tiers de la population.

Ces épisodes actuels en Europe font suite à une vague de chaleur prolongée en Inde et au Pakistan en mars et avril. « En raison du changement climatique, les vagues de chaleur commencent plus tôt et deviennent plus fréquentes et plus intenses », a affirmé Mme Nullis. La faute aux concentrations records de gaz dans l’atmosphère, qui provoquent l’effet de serre et piègent la chaleur.

Selon l’OMM, ces températures extrêmement élevées qui se sont propagées de l’Afrique du Nord au sud de l’Europe et qui sont attendues ce week-end en Suisse et en Allemagne sont plutôt typiques de juillet ou d’août, selon l’OMM. La chaleur est alimentée par un système dépressionnaire atlantique entre les Açores et Madère, qui favorise le soulèvement de l’air chaud en Europe occidentale.

Un dérèglement climatique responsable de vagues de chaleur de plus en plus précoces

Selon le Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC), la fréquence de certains types d’événements météo et climatiques extrêmes augmente en raison du changement climatique. « Plusieurs études d’attribution ont montré que le changement climatique a rendu plus intenses de nombreux événements récents », a dit Mme Nullis.

Bien que les liens exacts restent ouverts à la discussion scientifique, l’Agence onusienne basée à Genève estime qu’il est de plus en plus « évident » que certains aspects de la dynamique physique de l’atmosphère liés au réchauffement de l’Arctique induit par l’homme peuvent parfois renforcer les conditions associées à des perturbations persistantes.

Une telle situation donne lieu à des périodes estivales prolongées de temps humide, sec ou chaud dans l’hémisphère nord, a fait remarquer l’OMM.

Le GIEC prévoit que pour un réchauffement de 1,5°C, les vagues de chaleur, les saisons chaudes plus longues et les saisons froides plus courtes augmenteront. À 2 °C de réchauffement planétaire, les extrêmes de chaleur atteindraient plus souvent des seuils de tolérance critiques pour l’agriculture et la santé, indique le rapport.

Des zones du nord-ouest de la mer Noire souffrent également de la sécheresse

Outre les températures élevées, le principal effet du pic de chaleur est de renforcer la sécheresse actuelle. A l’exception de quelques « orages isolés », les prévisions de l’OMM ne s’attendent à aucune précipitation significative dans les prochains jours. De vastes zones allant du sud-est de l’Europe centrale au nord-ouest de la mer Noire souffrent également de la sécheresse.

Aux États-Unis, une grande partie de l’ouest du pays est confrontée à la deuxième ou troisième année de sécheresse consécutive (selon la région). Les deux plus grands réservoirs des États-Unis, le lac Mead et le lac Powell, en Arizona, sont à un peu moins de 30% de leur capacité, selon l’Observatoire américain de la sécheresse.

De plus, certaines parties du centre du Nevada jusqu’au nord-ouest de l’Arizona sont confrontées à un « risque d’incendie critique », selon le service météorologique national américain.

Face à cette canicule et cette série de sécheresse, l’OMM exhorte la communauté internationale à s’adapter. Et l’un des moyens d’y parvenir est de mettre en place des systèmes d’alerte précoce et des plans d’action chaleur-santé, fruit d’une collaboration entre l’OMM et les autorités de santé publique.

lejecos

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