Le nouveau Premier ministre israélien Yaïr Lapid à l’Élysée pour discuter Liban et Iran

Le nouveau Premier ministre israélien, Yaïr Lapid, a été reçu mardi à l’Élysée par le président français, Emmanuel Macron. Le chef de l’État français a appelé à « éviter toute action » fragilisant le processus sur le gaz offshore entre l’État hébreu et le Liban. Concernant l’accord sur le nucléaire iranien qui tarde à se conclure, il a déclaré vouloir « poursuivre tous les efforts pour tenter de ramener l’Iran à la raison ».

Pour son premier déplacement à l’étranger depuis son accession au poste de Premier ministre d’Israël, le centriste Yaïr Lapid se rend, mardi 5 juillet, à Paris pour demander au président Emmanuel Macron « d’intervenir » afin de sauver les pourparlers gaziers entre le Liban et l’État hébreu. La question du nucléaire iranien sera également au menu des discussions.

Emmanuel Macron a appelé à « éviter toute action » qui mettrait « en danger » le processus en cours entre le Liban et Israël sur l’épineuse question du gaz offshore.

« Je souhaite évoquer les négociations sur la frontière maritime avec Israël », a déclaré le chef de l’État français à la presse aux côtés de Yaïr Lapid. « Les deux pays ont intérêt à aboutir à un accord qui permettra une exploitation énergétique au bénéfice des deux peuples ». « La France y contribue déjà et est prête à y contribuer davantage », a-t-il ajouté sans autre précision.

Le Liban et Israël, deux pays voisins officiellement toujours en état de guerre, avaient entamé en octobre 2020 des négociations inédites sous l’égide de Washington pour délimiter leur frontière maritime, afin de lever les obstacles à la prospection d’hydrocarbures. Mais les pourparlers ont été suspendus en mai 2021 à la suite de différends concernant la surface de la zone contestée, portant notamment sur le champ gazier de Karish.

Pour l’État hébreu, ce champ est situé en territoire israélien « à plusieurs kilomètres de la zone sur laquelle portent les négociations » avec le Liban. Pour Beyrouth, ce gisement se trouve dans les eaux contestées.

L’armée israélienne a affirmé le 2 juillet avoir abattu trois drones du Hezbollah libanais qui se dirigeaient, selon elle, vers le champ gazier de Karish. Le puissant mouvement armé a reconnu avoir lancé « trois drones non armés en direction du champ contesté de Karish pour des missions de reconnaissance », sans faire mention de leur interception.

« Israël ne restera pas en retrait, placide, compte tenu de ces attaques répétées », a prévenu mardi à Paris Yaïr Lapid, qui avait accusé quelques jours plus tôt le Hezbollah de « saper la capacité » du Liban à « parvenir à un accord sur la frontière maritime ».

Assurer une paix gazière en Méditerranée orientale
« Nous connaissons l’importance de la position de la France sur les questions liées au Liban et nous allons demander à la France d’intervenir pour maintenir les négociations que nous voulons mener jusqu’au bout sur les questions gazières », avait déclaré plus tôt un haut responsable israélien à un petit groupe de reporters, dont l’AFP, voyageant mardi avec Yaïr Lapid.

Israël a signé mi-juin un accord pour livrer du gaz naturel à l’Égypte, qui prévoit de le liquéfier pour l’expédier en Europe.

Le Vieux continent cherche en effet à diversifier ses approvisionnements énergétiques après la décision de la Russie de couper ses livraisons de gaz à des pays européens. Et dans ce contexte, l’État hébreu dit vouloir s’assurer d’une paix gazière en Méditerranée orientale, où la découverte et l’exploitation de gisements gaziers au cours de la dernière décennie a attisé les contentieux frontaliers.

« La question du Liban est essentielle et Yaïr Lapid reviendra sur la position israélienne selon laquelle le Hezbollah est avant tout une menace pour l’avenir du Liban », a ajouté ce haut responsable israélien requérant l’anonymat.

« L’Iran refuse toujours » de conclure un accord sur le nucléaire iranien
Le président français Emmanuel Macron a déploré mardi que Téhéran continue de « refuser » de conclure l’accord sur la table concernant le programme nucléaire iranien et a promis de poursuive « tous les efforts » ramener ce pays « à la raison ».

« L’Iran refuse toujours de saisir l’opportunité qui lui est offerte de conclure un bon accord (…) Nous allons poursuivre, en étroite coordination avec nos partenaires, tous les efforts pour tenter de ramener l’Iran à la raison », a-t-il déclaré mardi.

Israël tente de convaincre les puissances occidentales de ne pas renouveler l’accord encadrant le programme nucléaire iranien (JCPOA) en échanges de la levée de sanctions.

Les responsables israéliens craignent de voir l’Iran se doter de l’arme nucléaire, ce que Téhéran nie. Ils redoutent aussi que la levée de sanctions ne permettent à la République islamique de regarnir ses coffres pour accroître son aide à ses alliés aux frontières d’Israël comme le Hezbollah libanais ou le Hamas palestinien.

Comme Premier ministre, Naftali Bennett avait prôné la « doctrine de la pieuvre » face à l’Iran, disant vouloir miner directement Téhéran plutôt qu’uniquement ses « tentacules » dans la région. En lui succédant, Yaïr Lapid s’est engagé à « tout faire en son pouvoir » pour empêcher l’Iran de se doter de l’arme nucléaire ou de « s’enraciner aux frontières » d’Israël.

AFP

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