Stress hydrique : Les barrages s’achèssent en l’absence de pluies

Les grands enjeux et les défis liés à l’eau n’ont jamais autant défrayé les chroniques que cette année. Le Royaume traverse depuis plus d’un an, une étape critique de son histoire hydrique avec un stress des plus aigus. Le Maroc fait partie des pays les plus impactés par le réchauffement climatique. Le phénomène de la sécheresse est désormais une donnée structurelle du régime climatologique du Royaume.

Le taux de remplissage des barrages a atteint, en ce mercredi 2 novembre 2022, 24,8% contre 35,7% une année auparavant. Une situation qui ne laisse pas beaucoup de marge pour l’exploitation des réserves de nos barrages, surtout si on tient compte du phénomène d’envasement qui réduit de près de 11% la capacité de stockage de ces infrastructures dans le Royaume. Même des régions qui de tout temps ont constitué des réserves d’eaux (Moyen Atlas et Saiss) voient cette ressource vitale fondre si l’on peut oser le terme. Les barrages de la Région de Fès-Meknès sont en souffrance à l’image de plusieurs autres sur le territoire national.

Sous l’effet cumulé des faibles précipitations enregistrées au cours des trois dernières années, la tendance est à la baisse et si l’on ajoute à cela, une sollicitation accrue des stocks stratégiques, cela entraîne le pays vers un scénario d’insécurité chronique. L’intervention de Mohamed Sadiki, ministre de l’Agriculture, de la Pêche maritime du Développement rural et des Eaux et forêts lors d’une session de questions orales à la Chambre des conseillers mardi est à elle seule l’illustration de la crise hydrique que traverse le pays.

Selon la tutelle, la maitrise de l’eau par l’irrigation a toujours été, au Maroc, une nécessité pour intensifier la mise en valeur agricole, garantir la sécurité alimentaire, contourner la forte contrainte de l’aridité et faire face aux aléas climatiques. L’agriculture irriguée représente moins de 18 % de la superficie agricole utile, contribue à près de la moitié de la valeur ajoutée agricole en année moyenne, participe à hauteur de 75% du volume des exportations agricoles et assure jusqu’à 40 % de l’emploi en milieu rural.

En faisant le point sur la dotation à l’irrigation, le ministre a indiqué que la campagne agricole actuelle démarrait dans des conditions très difficiles. La cause selon lui, revient à la sécheresse et au déficit enregistré en matière de ressources hydriques, ainsi qu’au « manque de précipitations, dont le déficit atteint 45% par rapport à une année de précipitations normales impacte la campagne agricole ».

Le ministre a indiqué que des mesures ont été prises à travers une « décision d’arrêter d’irriguer les plantations à partir des barrages a été appliquée dans les zones agricoles des provinces de Tadla et d’Al Haouz et dans les régions de Doukkala-Abda, Souss-Massa (Issen) et Drâa-Tafilalet, en attendant l’amélioration des taux de remplissage de ces barrages ». Pour le Dompage à partir des nappes phréatiques des autorisations seront accordées après dérogation.

Cette décision pourrait mettre en péril la campagne agricole actuelle, car les régions concernées sont productrices notamment de fruits, de céréales et de légumineuses. Par ailleurs, le ministre de l’Agriculture accordera de nouvelles subventions à destination des jeunes agriculteurs, et ce dans le cadre des terres collectives. A cet égard, une prise de conscience collective s’opère entre acteurs publics, opérateurs économiques et représentants de la société civile sur la nécessité d’adopter une approche concertée en matière de gestion des ressources hydriques.

Dernièrement, des experts et des chercheurs marocains et étrangers se sont ainsi réunis, à l’initiative de l’Association Agripôle innovation Meknès (AGRINOVA), le Rotary club de Casablanca El Fida et l’Association marocaine de l’irrigation par aspersion et goutte à goutte (AMIAG), afin de contribuer à des solutions concrètes et innovantes. L’objectif étant de concilier l’impératif de répondre aux besoins présents et à la nécessité de gérer les ressources hydriques avec parcimonie, tout en protégeant les milieux naturels avec à l’esprit les générations futures.

hespress

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