En Norvège, un déserteur de Wagner veut livrer ses secrets sur l’énigmatique groupe russe

Andrei Medvedev, a former commander of Russia's Wagner mercenary group, is seen in Oslo, Norway, in an image taken from video released January 15, 2023. Gulagu.Net/Handout via REUTERS ATTENTION EDITORS - THIS IMAGE WAS PROVIDED BY A THIRD PARTY. NO RESALES. NO ARCHIVES. MANDATORY CREDIT

Dans une vidéo diffusée ce week-end par une ONG, ce Russe assure avoir combattu en Ukraine en tant que chef d’une section d’une dizaine d’hommes au sein de Wagner.

Un précieux témoin susceptible d’éclairer de l’intérieur la brutalité du groupe paramilitaire russe en Ukraine. Mais aussi d’alimenter le dossier à charge contre Moscou. Après s’être enfui en Norvège dans des conditions épiques, un ex-mercenaire de Wagner révèle les coulisses du sulfureux groupe de mercenaires.

Dans une vidéo diffusée ce week-end par l’ONG Gulagu.net, ce Russe au visage carré et aux cheveux coupés ras assure avoir combattu en Ukraine en tant que chef d’une section d’une dizaine d’hommes au sein de Wagner. Un groupe sulfureux dont il dit avoir déserté quand son contrat de quatre mois a été prorogé contre son gré en novembre.

Sous les balles, dit-il, de gardes russes lancés à ses trousses avec des chiens, Andreï Medvedev, 26 ans, a franchi clandestinement la semaine dernière la Pasvik, une rivière actuellement gelée qui marque la frontière russo-norvégienne dans le Grand Nord.

Dix exécutions évoquées
« C’est un individu intéressant essentiellement en tant que témoin de première main au sein du groupe Wagner (…), y compris dans d’éventuels procès d’après-guerre sur les atrocités commises en Ukraine », estime Tor Bukkvoll, chercheur à l’Institut norvégien de recherche de la défense.

« Il a probablement été à Bakhmout », une ville de l’est de l’Ukraine dont les troupes russes tentent de s’emparer depuis des mois, « et il peut raconter des choses de l’intérieur qu’aucun autre n’a pu relater », explique-t-il à l’AFP.

Dans un entretien avec le site Internet The Insider en décembre, Alexeï Medvedev dit avoir connaissance de dix exécutions par Wagner de mercenaires refusant de retourner au combat. Il y précise aussi avoir en sa possession une vidéo montrant la mise à mort de deux d’entre eux et appelée à être rendue publique s’il devait lui arriver malheur.

Lui-même aurait eu sous ses ordres Evguéni Noujine, un homme accusé de s’être rendu aux forces ukrainiennes et tué à coups de masse à son retour dans les rangs russes. L’AFP n’a pas été en mesure de confirmer de façon indépendante la véracité de ses propos.

Des recrutements en prison
Brièvement arrêté à son arrivée en Norvège où il a demandé l’asile, Alexeï Medvedev a été ou devait être entendu par les autorités. Son avocat norvégien, Brynjulf Risnes, a déclaré à l’AFP que son client était « prêt à parler de son expérience au sein du groupe Wagner aux gens qui enquêtent sur des crimes de guerre ».

Selon lui, le déserteur avait sur lui plusieurs clés USB au moment de sa fuite en Norvège. L’articulation exacte de Wagner, fondé en 2014, avec l’armée russe reste un sujet d’interrogations, de nombreux observateurs disant voir des tensions entre les deux forces sur fond d’ambitions politiques prêtées au dirigeant de ce groupe paramilitaire, l’homme d’affaires Evguéni Prigojine.

Si ce dernier a mis en avant le fait que seuls ses hommes avaient combattu dans la localité de Soledar, dans l’est de l’Ukraine, et dont Moscou a revendiqué la conquête, le Kremlin a nié l’existence de quelconques divisions. Wagner, qui a abondamment recruté dans les prisons russes pour combattre en Ukraine, a ironisé après la défection d’Alexeï Medvedev.

Ce dernier a lui-même été condamné à deux ans avec sursis pour vol et a finalement purgé une partie de la peine après un conflit avec un représentant des autorités, selon son avocat norvégien. « Il devait être poursuivi pour avoir essayé de violenter des prisonniers », a commenté Evguéni Prigojine, via son service de presse. « Il était jusqu’ici sur la liste des personnes recherchées. Soyez prudents, il est très dangereux ».

Le patron du groupe de mercenaires Wagner a par ailleurs indiqué que ses troupes avaient « des choses à apprendre » de l’armée ukrainienne, en pleine bataille acharnée pour la prise de Bakhmout. « L’armée ukrainienne travaille efficacement, de manière cohérente. On a des choses à apprendre d’eux. Mais dans tous les cas les unités de Wagner vont de l’avant, mètre par mètre », a-t-il affirmé dans un message publié ce jeudi par son service de presse.

Il a assuré que « la localité d’Artiomovsk (nom donné par les autorités russes à Bakhmout, NDLR) sera prise ».

leparisien

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