Le chiffre du jour. 100 000 livres libanaises pour un dollar, un plus bas historique

La chute spectaculaire de la monnaie libanaise, qui a perdu plus de 98 % de sa valeur face au dollar depuis 2019, se poursuit à une vitesse dramatique. Le taux de change atteint le seuil de 100 000 livres pour 1 dollar. Un triste record à la mesure de l’effondrement économique du pays.

La livre libanaise a atteint ce 14 mars un nouveau “plus bas historique”, “poursuivant sa chute libre dans le sillage de l’effondrement économique” du pays, écrit le quotidien libanais L’Orient-Le Jour.

Depuis trois ans, le Liban vit sa plus grave crise économique et financière – l’une des pires depuis près d’un siècle et demi dans le monde, selon la Banque mondiale –, marquée par une paupérisation générale de la population, une dégringolade monétaire et une inflation record.

Une crise imputée par une partie de la population à la classe dirigeante, aux commandes du pays depuis des décennies, accusée de corruption et de laisser couler le pays.

Avant le début de la crise qui frappe le pays depuis 2019, le taux de change officiel était de 1 500 livres pour 1 dollar américain. Aujourd’hui, le billet vert s’échange à 100 000 livres libanaises sur le marché parallèle des bureaux de change, soit plus de six fois le nouveau taux officiel de 15 000 livres, relevé le 1er février dernier.

Cette nouvelle forte baisse – le dollar s’achetait à 80 000 livres libanaises la semaine dernière, et à un peu plus de 40 000 livres au début de 2023 – intervient alors que les banques locales ont repris leur grève pour protester contre les procédures judiciaires lancées contre certaines d’entre elles par des déposants, explique le journal francophone.

Depuis le début de la crise, les épargnants n’ont qu’un accès très limité à leurs économies, qui fondent comme neige au soleil. Les banques ont drastiquement restreint les retraits et interdit les transferts à l’étranger de manière arbitraire et illégale. Pour essayer de récupérer leur argent, certains ont mené des actions coup de poing ou engagé des poursuites judiciaires.

Devant cette dégringolade historique de la livre libanaise, qui a perdu plus de 98 % de sa valeur, l’ensemble des commerces, dont les supermarchés, affichent depuis le début du mois les prix en dollars, dans un pays où 90 % des produits sont importés.

À cette crise socio-économique s’ajoute une crise politique et institutionnelle. Dirigé par un gouvernement démissionnaire qui expédie les affaires courantes, le pays n’a plus de président depuis le 1er novembre, en raison de l’incapacité du Parlement à élire un nouveau chef de l’État.

courrierinternational

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