Les adieux de l’ex-maire de Saint-Brévin au terme d’un « tourbillon médiatique »

Yannick Morez, qui a démissionné de son mandat, a reçu le soutien de plus de 2 000 personnes, ce mercredi, dont celui de plusieurs figures politiques de gauche.

C’est dans un tonnerre d’applaudissements, et entouré de toute son équipe municipale – et d’un imposant service d’ordre – que Yannick Morez, le maire de Saint-Brévin-les-Pins (Loire-Atlantique) s’est avancé, ce mercredi 24 mai, sur le perron de l’Hôtel de ville.

Il est 18 heures passé de quelques minutes, le silence se fait enfin. « Je ne m’attendais pas à voir autant de monde pour me soutenir », a-t-il commencé, les yeux rougis par l’émotion, à moins que ça ne soit par la fatigue, « depuis une semaine je suis pris dans un tourbillon médiatique ».

Passé par le Sénat, où il a été auditionné par la commission des lois, puis par Matignon où il s’est entretenu avec la Première ministre avec Élisabeth Borne, le 17 mai, l’élu ne s’était plus exprimé. Il a donc fait un retour triomphant sur ses terres au bord de l’Atlantique, après s’être fait le porte-voix de tous ces élus malmenés, abandonnés, comme lui-même l’a été. « Je me suis aperçu que c’était un sujet national, et j’ai décidé d’aller jusqu’au bout, de vraiment tout dire. Ça a été très important pour moi, ça m’a soulagé, parce que démissionner n’est pas quelque chose de simple. »

Huées adressées aux autorités
Yannick Morez, a été victime de menaces de l’extrême droite depuis l’officialisation, fin 2021, du transfert, près d’une école de sa commune, d’un centre d’accueil de demandeurs d’asile (Cada) qui existait déjà à Saint-Brévin depuis 2016. Ces attaques avaient culminé le 22 mars au petit matin avec l’incendie de deux véhicules du maire devant son domicile, dont la façade avait également été touchée par les flammes alors qu’il y dormait en famille. Yannick Morez a ensuite fait part de sa décision irrévocable de démissionner et de quitter la ville avec sa famille.

Son geste percutant a ouvert un débat dans tout le pays sur le quotidien des maires des villes moyennes ou rurales, souvent coupées de leur administration. Ce mercredi, Yannick Morez a rappelé comment il a été reçu en sous-préfecture lorsqu’il a demandé, en vain, l’interdiction d’une manifestation contre le Cada, le 29 avril, alors que l’ultradroite était en embuscade : « On nous a dit : “on ne fera rien car c’est la liberté d’expression”. Ça, on l’a entendu plusieurs fois de la part du sous-préfet. » Dans la foule, les applaudissements se mélangent aux huées adressées aux autorités.

Une heure plus tôt, les quelque deux mille personnes massées devant la mairie s’étaient rassemblées sur une autre place brévinoise où se trouvaient plusieurs personnalités de gauche comme Jean-Luc Mélenchon, le leader de LFI, Marine Tondelier, la secrétaire nationale d’Europe Écologie Les Verts (EELV) ou Sandrine Rousseau, élue EELV de Paris.

« J’ai souhaité rester neutre »
L’appel avait été lancé par le Parti socialiste, par l’entremise de Johanna Rolland, la maire de Nantes et numéro deux du PS. Une initiative qui n’a pas été au goût des formations de droite, notamment Renaissance et Les Républicains, qui ont préféré décliner le rendez-vous.

« C’était une manifestation ouverte à toutes et tous et je regrette qu’ils n’aient pas fait le choix de venir », a déploré Olivier Faure, le premier secrétaire du PS. « J’espère qu’ils n’avaient pas une pensée électoraliste en direction de l’extrême droite. Tout le monde avait sa place ici, dès lors qu’il s’agissait de faire respecter les valeurs républicaines », a-t-il poursuivi, assurant que si Renaissance ou LR avaient été à l’origine de l’appel, il « serai[t] venu ! ».

Ces batailles politiques n’ont pas affecté Yannick Morez, qui a choisi de limiter sa présence, ce mercredi dans sa commune, à son seul discours. « J’ai souhaité rester neutre avec mon équipe municipale », a-t-il conclu avant de rentrer dans sa mairie, dont il a déjà presque vidé son bureau.

LEPOINT

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