Gaz : Eni reprend les actifs de BP en Algérie

Cette opération s’inscrit dans la stratégie d’Eni d’ouverture vers le continent – et l’Algérie en particulier, jusque-là deuxième fournisseur d’Italie – pour se fournir en gaz.

Ouvrier inspectant l’usine de gaz de Krechba sur le champ gazier d’In Salah, dans le Sahara algérien, à quelque 1 200 kilomètres au sud d’Alger. © Aflred de Montesquiou/AP/SIPA

Le groupe énergétique italien Eni a annoncé le 7 septembre qu’il allait acquérir les activités de BP en Algérie, comprenant les champs gaziers situés au sud du Sahara, In Salah et In Amenas, dont la major pétrogazière britannique détient des participations de respectivement 33,15 % et 45,89 %. Les deux champs sont exploités en coentreprise par BP, la compagnie nationale Sonatrach et le norvégien Equinor.

La mise en production a, quant à elle, démarré en 2004 et en 2006. En 2021, environ 11 milliards de m³ de gaz, 12 millions de barils de condensats et de gaz de pétrole liquéfié (GPL) ont été produits par ces champs gaziers.

« BP a travaillé avec succès avec l’Algérie et nos partenaires pendant près de trente ans, en développant et en soutenant les opérations sur deux grands projets gaziers pour le pays. Nous pensons que cet accord représente un bon résultat pour BP, Eni et pour l’Algérie », déclare dans un communiqué Anja-Isabel Dotzenrath, vice-présidente exécutive de BP, sans donner plus de détails sur l’accord.

L’Algérie coupe l’herbe sous le pied de la Russie
Pour Eni, présent en Algérie depuis 1981, cette opération accroît son portefeuille d’actifs dans le pays, étape déterminante dans un contexte de guerre en Ukraine qui a lourdement fragilisé l’Italie, dépendante du gaz russe. Fin février, le géant public algérien des hydrocarbures Sonatrach se déclarait prêt à fournir davantage de gaz à l’Europe, en l’acheminant notamment via le gazoduc Transmed qui relie l’Algérie à l’Italie.

Sonatrach « dispose d’une capacité non utilisée sur le gazoduc Transmed » qui pourrait servir à « augmenter les approvisionnements du marché européen », assurait alors son PDG, Toufik Hakkar. Depuis, sous l’impulsion politique du président algérien, Abdelmadjid Tebboune, et du Premier ministre italien, Mario Draghi, Eni et Sonatrach s’activent pour booster les volumes de gaz algérien exportés via le gazoduc transcontinental Enrico Mattei (Transmed), avec notamment des découvertes gazières au cours de ces derniers mois. En juillet, les deux majors ont annoncé une nouvelle découverte de pétrole et de gaz dans la concession de Sif Fatima, située dans le bassin nord de Berkine, capable de produire 1 300 barils de pétrole par jour.

Le même mois, Sonatrach a annoncé la signature d’un contrat de partage de production sur l’exploitation des gisements gaziers et pétroliers du bassin de Berkine avec les majors italienne Eni, américaine Occidental et française TotalEnergies. Le président algérien soulignait la veille, lors d’un sommet avec le Premier ministre italien Mario Draghi, que ce contrat d’une valeur de 4 milliards de dollars « permettra de fournir à l’Italie des quantités importantes de gaz ». Ainsi, avec près de 4 milliards de mètres cubes de gaz supplémentaires par an, dès la fin de cette année, l’Algérie deviendra le principal fournisseur de l’Italie, fournissant au total près de 27 milliards de mètres cubes.

jeuneafrique

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